BEL ABÎME

BEL ABÎME de Yamen MANAÏ – avec Habib BEN TANFOUS – adaptation & mise en scène Michel BERNARD, , collaboration artistique & scénographie Ahmed AYED, scénographie & construction Luc NOËL, assistante à la mise en scène Elise EVENO, musique Deena ABDELWAHED, création sonore maxime GLAUDE, création lumières & régie Michel DELVIGNE, costumes Amandine LAVAL, effets spéciaux & maquillage Mélissa ROUSSEAUX, photographie Pierre-Yves JORTAY – une co-production Unités/nomade, MARS (Mons), Espace Magh (Bruxelles), C’EST CENTRAL (La Louvière) – délégué de production & diffusion Mars / Mons – avec le soutien du Théâtre Marni – Unités/nomade reçoit l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Service Général de la Création Artistique – Direction du Théâtre.

CRÉATION

les 29, 30 novembre et 01 décembre 2023 à lEspace MAGH (Bruxelles) https://www.espacemagh.be/projects/bel-abime/?pr=17744&gr=1&post=projects&sa=872 les 20, 21 et 22 février 2024 à MARS (Mons) La Maison Folie https://surmars.be/evenement/bel-abime/2024-02-20/ les 03, 04, 05 avril 2024 à CENTRAL (La Louvière) salle Jean Louvet (Houdeng Goegnies) https://www.cestcentral.be/events/bel-abime-2024-04-04-20-00

A PROPOS DE BEL ABÎME

Avec une ironie mordante et sans la moindre déférence, le narrateur prend vivement à parti ses interlocuteurs. Les charges qui pèsent contre lui sont sérieuses, mais le jeune homme affirme ne rien regretter.

Se dévoilent les raisons qui l’ont poussé à la colère et au crime : un père froid qui l’a toujours humilié, ignoré ; une société gouvernée par les apparences et l’omniprésente religion ; la domination sans partage des plus forts sur les plus faibles ; la pauvreté, la saleté, le mépris des animaux et de l’environnement.

Heureusement, il a Bella, le chien qu’il a recueilli tout petit, contre le gré de ses parents. Ensemble ils ont grandi, se sont protégés mutuellement et sont devenus forts. Entre eux, un amour inconditionnel. Mais dans ce pays, le gouvernement ordonne de tuer les chiens « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ». Pourtant la rage est déjà là. Alors quand Bella a été tuée, il a bien fallu la venger.

Yamen Manai nous conte avec fougue le cruel éveil au monde d’un adolescent révolté par les injustices et la violence d’une société envers ses propres enfants. 

Bel Abîme reçoit le Prix de la Littérature Arabe (2022) , le Prix Orange du livre en Afrique, le Prix Micheline, le Prix de l’Algue dOr, le Prix Texto 2022 Université Sorbonne Nouvelle, Prix de la Passerelle, le Prix Flaubert, la Mention spéciale du prix Ahmed Baba de la Littérature Africaine en 2022.

Le texte « Bel Abîme » est édité aux Editions Elyzad / Tunis / 2021 ouvrage publié avec le concours de l’Institut français de Tunisie – Programme d’aide à la publication 2021.

HISTOIRES DE CHIEN

1 – Le 17 décembre 2010 dans un coin retiré de la Tunisie, à Sidi Bouzid un jeune homme allume le « feu ». Son acte va entrainer une véritable mouvement symbolisé par le mot Dégage et le « printemps arabe » (bien mal nommé). Effectivement en Tunisie, en Egypte, en Libye, au Yémen, au Maroc, au Bahrein, en Syrie… cela bouge. Au fil des mois et des années, les réponses de certains gouvernements, soutenus ou non par des aides internationales réprimeront violemment ces tentatives « démocratiques » ou en tout cas de changement. On en revient toujours à ce même paradoxe: l’homme veut-il vraiment changer? N’en a-t-il pas assez de rejouer encore et encore la même pièce?

La Tunisie sera mise en avant sur la scène internationale (encore du théâtre) comme l’exemple même de cette volonté de changement. Cherchant à tâtons, les moyens de se doter d’une démocratie stable avec des enjeux économiques et sociaux cruciaux, la Tunisie n’a pas encore réussi cette transformation économique et sociale tant espérée. En 2018, le geste d’un jeune journaliste (Abderrazak Zorgui) s’immolant à Kasserine renouvelle les inquiétudes d’un changement qui n’arrive pas. Depuis le président Kaïs Saïed s’est octroyé les pleins pouvoirs constitutionnels et a gelé les activités du parlement. 

2 – Un cri venu de Tunisie – Bel abîme donne  la parole à un adolescent qui crie son mal-être dans cette société tunisienne moderne à travers un monologue endiablé.

C’est un texte bref, qui percute comme le fusil par lequel le narrateur s’est vengé. Yamen Manaï fait parler ce jeune garçon humilié et blessé mû par une rage que ni la société et sa justice implacable ni la punition ne peuvent calmer. Sa longue adresse à son avocat ou à son docteur n’est ni un aveu ni un plaidoyer, seulement le récit dense, sans répit ni mise à distance, de son étouffement et de sa douleur que seule une violence assumée peut exprimer : « mon avenir était déjà condamné » dit-il dès le début. Il reprend « les choses dans l’ordre » en dépit de « ce pays sens dessus dessous », en attendant un verdict qui l’enverra certainement en prison pour quelques années, mais « l’enfer, ici ou là, c’est, à peu de choses près, pareil ».

Son drame est individuel, face à un père qui l’ignore puis détruit le seul amour qu’il ait connu, ce chien. Il est aussi collectif puisque, sans nom, il représente celui d’une génération de tunisiens qui ne voient aucune issue à leur vie étriquée.

Il s’en prend aux principes religieux qui diabolisent les chiens car la salive des chiens dans la religion musulman invalide les ablutions du croyant. Le meilleur ami de l’homme est son pire ennemi.

Il s’en prend aussi à la structure familiale et politique écrasante dans une société rigide qui engendre colère, amertume et violence. 

La mort de cette chienne va déclencher son sentiment d’injustice: pourquoi assassiner cet animal? N’est-ce pas son avenir qu’on assassine? « Pourquoi j’ai sombré dans la violence ? Je n’ai pas d’explications. […] ».

Un texte entre vie et mort, une littérature d’urgence savamment construite, à lire d’une traite comme en apnée. 

d’après Dominique Ranaivoson – in Africultures / 12 septembre 2021

« Pourtant la nuit même, j’ai tiré sur mon père? Ou, c’est exact. Si je regrette mon geste? Non, je vais même vous dire, si c’était à refaire, je le referais. Et monsieur le maire? Je confirme, c’est encore moi. Et le ministère de l’Environnement, aussi, oui, c’est toujours moi. Et dites-vous que si on me redonnait le fusil et qu’on les alignait devant moi, le président, les ministres et tous les députés, je tirerais sur eux. Je leur prendrais leurs mains, les uns après les autres, à cette bande d’enculés ». 

3 – de quelques lignes dramaturgiques – Ce jeune sans nom est le représentant de cette jeunesse dévoyée pour qui la révolution n’a pas apporté le salut d’avenir tant espéré, une jeunesse qui subit encore la violence des adultes qui n’ont pas tiré la conclusion de ces années de dictature, de despotisme, pour essayer de changer les moeurs, les comportements. On est toujours dans cette culture un peu phallocratique et autoritaire. 

Ce jeune est aussi un des représentants de cette jeunesse qui espère trouver des choses aussi simple que l’amour et l’attention. Lui, il la découvre avec la complicité de Bella, cette chienne rencontrée sur un chantier.  A travers cette amitié étrange, surgit la volonté de ce jeune de prendre ses responsabilités. Mais les obstacles sont très nombreux: face à lui, les adultes vont toujours chercher à nuancer, à entrer dans le compromis (voir la compromission!). Tandis que lui est une force brute, un élan vital. Il dit la vérité telle qu’elle est. Sans filtre. Sans fard.

Yamen m’explique l’impulsion première de son roman:

On a vu au parlement tunisien, des parlementaires s’attaquer à des femmes parlementaires, les frapper en plein visage et les traiter de tous les noms. Ces scènes m’ont interpellées. Je me suis dit: nous n’en avons pas encore fini avec cette violence qui semblait avoir été déconstruite grâce la révolution culturelle.

Cette jeunesse qui est sortie spontanément à nouveau, en janvier 21 pour protester contre la répression policière et réclamer une meilleur politique sociale. En pleine crise Covid – avec le couvre-feu décrété à 16h, l’interdiction des fêtes et de rassemblements; les jeunes avaient simplement envie de dire: on existe, il faut qu’on s’occupe de nous. Ils se sont heurté à la police. Les autorités n’y ont vu que des « voyous sortant pour tout casser ». Or ce cri étant bien plus fort que les forces de l’ordre, il est encore sauvage et peut surgir partout à n’importe quel moment. 

On dit en Tunisie: une seule main n’arrive pas à applaudir

4 – mettre en scène Comme d’habitude, je pars de la langue, de l’écriture et de l’acteur. Je ne cherche jamais « le » personnage, je cherche avant toute la vibration du texte via l’acteur, qui en est la membrane comme on parle de la membrane de diffusion d’un haut-parleur. Ce sont les interactions entre le texte et l’acteur qui proposeront aux spectateurs un « tiers » qui vivra et évoquera l’histoire sous nos yeux. L’acteur est ainsi le vecteur des émotions, sentiments, rage, énervement que le texte induit. C’est un mix que j’aime entretenir : l’acteur avec un relent brechtien et en même temps une composante hybride (mélange des genres) offrant un jeu décomplexé.

Ce qui m’a séduit directement dans l’histoire de Bella et de ce jeune garçon, c’est le ton, l’adresse (au docteur, au juge, aux spectateurs), le côté justice devant les adultes, un monde qui n’est fait que de compromissions, de petites affaires, d’illusions. Personne dans le monde adulte n’est responsable, et donc personne n’accepte ses responsabilités. Ainsi le jeune homme peut remonter au sommet du pouvoir, puisque comme à l’image d’un monde décrit par Hannah Arendt, la responsabilité vient toujours de plus haut et chacun fait ce qu’on lui demande de faire et exécuter les ordres. 

Je voudrais suivre librement le parcours de ce jeune homme dans son amitié avec un animal, la chienne Bella, avec la représentation de l’autorité dans une société (le père, l’imam, le fonctionnaire, le maire, le gouverneur, le président) et de l’importance de l’interdit religieux. Cette Bella que le père emporte pour la faire tuer, comme le fait régulièrement les services d’hygiènes tunisiens. Cette chienne qui, depuis la nuit des temps joue autant un rôle de compagnon pour les bergers, que de « nettoyeur » des villes (les chiens tenaient les villes propres – ordures, rats…). Il y a peu (environ deux siècles), le rapport à l’animal a changé, il a été ostracisé comme le vecteur de contagions diverses, vecteur de microbes, de germes et de bactéries, de virus. La salive du chien est devenu impure et les interdits ont suivis. Un histoire qui leur colle encore aux poils! La gestion des chiens dans les villes arabes (Tunis, Marrakech ou Istanbul par exemple) n’est pas sans questionner notre rapport à l’animal mais aussi à la gestion urbaine, et donc au fonctionnement de notre société. 

TACOMA garage

En 2015, j’ai pris la route pour filmer un groupe de rockers américains. Des jeunes gens de 70 ans en moyenne, tout droit sortis d’un cube de glace des années 60. De Londres à Berne, de Prague à Amsterdam, de Paris à Bologne, des milliers de kilomètres pour capturer l’essence de leur énergie dingue de septuagénaires ! Les traces de leur deuxième vie. Pour capter ce dernier souffle, ce dernier défi à la vie. Qu’ils ont eux-mêmes choisi de partager avec des milliers de gamins. 

Ce groupe n’existe pas, ce groupe n’existait plus. Seulement dans la mémoire de quelques-un·e·s, sur les sillons de quelques vinyles. Sans le savoir, ces gars-là ont inventé le garage rock en 1965, le punk 15 ans avant l’heure. En 2007, ils se sont reformés. Car pour eux, il n’est jamais trop tard. Ce groupe, c’est les Sonics. Corentin Skwara

« On a 2 vies. Et la deuxième commence le jour où on comprend qu’on en a qu’une » Confucius

Mélange de vlog sur scène, de théâtre documenté, de carnet de voyage, de ciné concert : pour son premier projet en solo, Corentin Skwara raconte son odyssée musicale et humaine à travers l’Europe en compagnie de ce groupe de rock.

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Conception, Texte, Vidéo, Interprétation : Corentin Skwara / Regards extérieurs – Dramaturgie : Michel Bernard et Ilyas Mettioui / Dramaturgie : Anaïs Allais / Scénographie : Iris Christidi / Création sonore : Jeremy Alonzi / Création lumières : Jérôme Dejean / Régie générale et Création Technique : Nicolas Ghion / Régie : Nicolas Ghion en alternance avec Gaspard Samyn / Montages additionnels : Ayrton Heymans : Stagiaire Mise en scène : Marie Indeko Loleke

Une production du Théâtre de Namur en coproduction avec C’est Central (La Louvière). Avec le soutien à l’accompagnement et/ou à la résidence du Lookin’OUT, Théâtre de Poche, Théâtre Océan Nord, Le 140, La Grange aux Belles, Centre culturel René Magritte Lessines, La Cie Point Zéro, Le Grand T Théâtre de Loire-Atlantique, Unités/nomade. Diffusion : La Charge du Rhinocéros

Théâtre de la Vie (Bruxelles)

9 mouvements pour une cavale

Texte Guillaume Cayet – Mise en scène Michel Bernard – Assistante Mise en scène Elise Eveno – Avec Stéphane Bissot, Catherine Lybaert (chant) et Merryl Havard (violoncelle) – Musique Fabian Fiorini – Scénographie Lionel Couvrant – Création paysage sonore Raymond Delepierre – Créateur lumières et création vidéos Michel Delvigne – Costumes Nina Junker – Maquillage (création) Julie Rombaudt – Régie générale Gauthier Minne – Photo visuel et photos de spectacle Mathieu Ridelle.

Éditions THÉÂTRALES, 2020

Coproduction Le Rideau, Unités/nomade, La Coop asbl. Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Service général de la Création Artistique – Direction du Théâtre, Taxshelter.be, ING et du Tax-Shelter du gouvernement fédéral belge. Production déléguée / diffusion Le Rideau.

Stéphane Bissot, Catherine Lybaert, Merryl Havard – photo Mathieu Ridelle
Stéphane Bissot, Catherine Lybaert, Merryl Havard, Elise Eveno, Michel Bernard – photo Mathieu Ridelle
Marie Baudet in la Libre Belgique / Arts Libres

Le Rideau – Du 18 au 29 octobre 2022

https://lerideau.brussels/spectacles/9-mouvements-pour-une-cavale

© Mathieu Ridelle
© Mathieu Ridelle